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Avant d’être un style, l’architecture est d’abord une attention aiguë portée aux lieux, aux gens, aux éléments, aux cultures, aux climats … Le projet n’est ainsi jamais posé a priori : il n’est pas refermé sur lui-même, imposant une forme préétablie, mais réactif au monde, ramifié, perméable, connecté à la réalité qui l’entoure.

L’architecture « révèle géographies, histoires, couleurs, végétations, horizons, lumières. Il faut établir des règles sensibles, poétiques, des orientations qui parleront de couleurs, d’essences, de caractères, d’anomalies à créer, de spécificités liées à la pluie, au vent, à la mer, à la montagne »*.

Contextuelle, forcément contextuelle, l’architecture est une forme de résistance à l’uniformisation du monde.

* J. Nouvel – Manifeste de Louisiana, 2005

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“Construire, c’est collaborer avec la terre : c’est mettre une marque humaine sur un paysage qui en sera modifié à jamais.“ Marguerite Yourcenar – Mémoires d’Hadrien.

Le rapport à l’environnement naturel et paysager est un enjeu permanent dans le travail de l’agence. Le dialogue, la tension qui s’installe entre un bâtiment et le site qui l’accueille vise à créer une “nature augmentée“. Nous travaillons avec la conviction qu’une construction n’est légitime que dans la mesure où elle emprunte aussi bien qu’elle ajoute au paysage qui la reçoit : modifiant la nature, elle est façonnée, en retour par les propriétés mêmes qui caractérisent ce milieu naturel. Tout bâtiment est une interprétation de son site.

“ … la conviction qu’une construction n’est légitime que dans la mesure où elle emprunte aussi bien qu’elle ajoute au paysage qui la reçoit.“

De notre goût prononcé pour l’extérieur, pour les paysages façonnés par les éléments, pour les larges espaces vient probablement notre inclinaison à « se référer à la Nature pour évaluer la nature et la raison de choses »*.

De ce point de vue, le travail que nous menons sur les ouvrages d’art est riche d’enseignement et nourrit en retour notre façon d’appréhender l’architecture. Un viaduc qui franchit un cours d’eau, une passerelle au-dessus d’un ravin, un barrage qui ferme une vallée transforment, parfois radicalement, un milieu naturel. Pour autant ces objets construits, à l’échelle parfois considérable, tirent leur morphologie de l’interaction entre les composantes du site (géologie, hydrologie, reliefs, vues, vents, végétation …) et les forces à l’œuvre dans la matière même de l’ouvrage. Ce faisant, ils installent un nouvel ordre, un nouvel équilibre pour trouver leur juste place dans une nature humanisée.

S’appliquant à la conception de bâtiments en sites naturels, l’attitude que nous adoptons n’est pas différente. L’acte de construire implique une posture paradoxale : travailler tout à la fois contre et avec la nature. Travailler contre la nature, c’est accepter la nécessité de sa transformation irrémédiable qu’engendre l’acte de construire, et en assumer la responsabilité. Travailler avec la nature, c’est puiser dans les lieux, dans leurs propriétés physiques, visuelles, climatiques les matériaux qui vont interagir avec les données programmatiques du projet.

Cette démarche que nous appliquons aux constructions en site naturel, nous la transposons en site urbain : la “matière“ de la ville constitue un environnement, un paysage en contrepoint duquel nous installons nos projets. Comme un paysage, l’environnement des villes est une “nature urbaine“ est à décrypter. Sans constituer une méthode, cette manière de s’approprier un milieu emprunte plus au registre de la perception, de l’intuition, de la poétique du vécu que de la grille de lecture analytique.

* F. Fromonot : “Glenn Murcutt, œuvres et projets“ 1996

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L’attention permanente au contexte, qu’il soit naturel, urbain, sociologique ou humain nous porte naturellement à prendre en compte ce qui est “déjà-là“. Ce qui préexiste ainsi peut être d’essence naturelle aussi bien que de l’ordre du construit : il s’agit dans tous les cas de se situer “par rapport à …“. De ce point de vue, sans attitude nostalgique ni passéiste, tout est patrimoine. Un patrimoine à considérer comme « un capital évident et la création comme un enrichissement nécessaire »*.

C’est ainsi que notre agence intervient fréquemment sur des programmes supposant le réaménagement, la restauration ou l’extension de bâtiments existants. Ceux-ci peuvent avoir, dans plusieurs cas, une valeur patrimoniale particulièrement élevée, s’agissant d’édifices ou de sites classés au titre des monuments historiques.

Stratifier, sans l’effacer, le nouveau sur l’ancien, révéler le potentiel de ce qui existe, prolonger l‘esprit des lieux au travers de nouveaux usages, trouver le subtil équilibre entre mémoire et modernité, s’insérer dans les murs du passé sans arrogance ni vénération paralysante, tels sont les sujets qui nous mobilisent tout particulièrement.

“… c’est de sédimentation qu’il s’agit, cette notion
exprimant la manière dont toute nouvelle intervention
ajoute une “épaisseur“ nouvelle à ce qui préexiste.“

Entre patrimoine et création, c’est de sédimentation qu’il s’agit, cette notion exprimant la manière dont toute nouvelle intervention ajoute une “épaisseur“ nouvelle à ce qui préexiste .

Par ailleurs, l’attitude consistant à recycler le patrimoine construit, à l’adapter à de nouvelles fonctionnalités s’inscrit naturellement dans une démarche de développement durable visant à économiser les ressources.

*Alexandre Melissinos, in Techniques et Architecture “Métamorphoses“ n° 275 – 2005

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La structure, ni cachée, ni exhibée pour elle-même, mais au service de l’expression constructive et architecturale.

De ce point de vue, le travail que nous menons sur les ouvrages d’art est, là encore, fructueux et enrichit plus généralement notre démarche projectuelle. En la matière, en effet, objet technique et objet architectural ne font qu’un. La morphologie de l’ouvrage est l’expression directe des forces à l’œuvre – tension, compression, soulèvement, flexion, torsion, cisaillement, etc. – croisées avec toutes les composantes du site.

Alors que la complexité fonctionnelle d’un bâtiment masque parfois la nature des liens entre structure et expression formelle, l’extrême simplicité programmatique d’un ouvrage d’art (franchir) oblige à épurer le propos : le point d’équilibre est atteint lorsque l‘évidence structurelle rejoint l’expression plastique et architecturale. Dans ce processus, le dialogue entre l’architecte et l’ingénieur, auquel nous sommes particulièrement attachés, soumet le projet au filtre critique des uns et des autres. Il en résulte des constructions que nous voulons précises et décantées, sans subjectivité excessive, visant à la réponse la plus juste possible.

Dépassant l’idée de “vérité constructive“ qui ne renvoie qu’à elle-même, cette position permet de mettre la question de la structure à la place qui lui revient, c’est-à-dire comme faisant partie intégrante de la poétique du projet architectural.

Là encore, qu’il s’agisse d’ouvrages d’art ou de bâtiments, c’est bien de la même approche qu’il s’agit : une démarche “tectonique“ qui se différencie nettement des propositions architecturales que l’on peut qualifier de “décoratives“ par lesquelles l’enveloppe du bâtiment, découplée de la structure qui la supporte, tend à s’assimiler à un « emballage », objet à consommer rapidement, sans souci de pérennité.

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Peut-on parler encore de beauté aujourd’hui, tant le mot semble démodé, suspect de relativisme, de subjectivité, voire de niaiserie ? Et cependant, parce que l’architecture est un art public et qu’elle s’impose au regard de tous, obligation est faite aux architectes de questionner le terme : la laideur, c’est d’abord la démission du sens. À défaut d’universalité, la beauté est une responsabilité et une aspiration.

Pour nous, elle est à chercher du côté de l’équilibre, de la justesse, de l’utilité, de la joie, de la frugalité … La beauté est la conséquence logique des réponses justes à des questions bien posées.

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“… la vanité nerveuse, vaine nervosité qui pousse chaque architecte à faire autre chose que le voisin“. Adolf Loos.

Nous reprendrions volontiers ce jugement à notre compte. Consciemment ou non, nos projets sont à notre image. Ils n’ont pas pour propos de “coller“ impérativement à l’époque. Au-delà de ce que celle-ci tend à nous imposer – prééminence de la vitesse, surconsommation des signes, impératif absolu de la nouveauté, obsolescence accélérée des formes … – nous percevons à l’inverse une vraie demande de sens, de profondeur, de substance et d’authenticité.

Alors que, de plus en plus, l’architecture s’agite, gesticule et adopte des postures inédites ou étonnantes pour se résumer en un spectacle momentané, apparaît la nécessité de se recentrer, de retrouver l’essentiel : l‘élégance, la beauté du monde, l’équilibre et l’harmonie … une forme de “morale heureuse“.

« … retrouver l’essentiel : l‘élégance,
la beauté du monde, l’équilibre et l’harmonie …
une forme de “morale heureuse“. »

Or de même que le mouvement du “slow-food“ s’inscrit désormais en réaction au “fast-food“, générateur de déchets et d’effets toxiques sur la santé, de la même manière se fait jour peu à peu l’idée d’une “architecture lente“, une architecture vertueuse qui parlerait de calme, de sérénité, d’une certaine forme de regard apaisé sur les choses et les êtres. Une architecture du sens tout autant que des sens.

Nous nous inscrivons clairement dans cette approche où le temps devient un matériau en soi.

Le Développement Durable s’évalue aussi à l’aune de cette préoccupation : comment doter les réalisations d’une pérennité physique et esthétique qui inscrive les actions architecturales dans la durée ? Loin d’être passéiste, cette manière de voir s’inscrit au contraire au cœur des préoccupations contemporaines.

× Sur tous les sujets, l’agence travaille, au cas par cas, avec de nombreux partenaires, experts dans leur domaine : bureaux d’études et ingénieurs-conseil, économistes, paysagistes, consultants en Haute Qualité Environnementale, architectes du patrimoine, scénographes / muséographes, médiateurs culturels, concepteurs lumière, ateliers de graphisme et de signalétique, etc.

Nous sommes particulièrement attachés à cette vision collaborative du projet : à la manière d’un metteur en scène, le rôle des architectes est de mettre sur pied une équipe spécifique, compétente et réactive, puis d’orchestrer et de fédérer tous ces savoir-faire au service d’un objectif partagé.

Collaborative au sein de la maîtrise d’œuvre, cette démarche l’est également avec l’ensemble des acteurs concernés : maîtrise d’ouvrage, utilisateurs, exploitants, administrations ... L’écoute et le dialogue sont les conditions mêmes de la réussite du projet

× Le défi écologique, en même temps qu’il exige aujourd’hui une remise en cause fondamentale de nos habitudes, représente très certainement pour l’architecture l’opportunité extraordinaire de refonder sa légitimité et stimuler sa créativité. En nous obligeant à repenser nos modes de constructions, cette nouvelle problématique, loin des débats stylistiques sans enjeux, offrent une capacité inédite de renouvellement technique, esthétique, social, ... La question environnementale est une chance tout autant qu’une exigence.

C’est pourquoi nous nous attachons à concevoir nos projets en relation harmonieuse avec leur environnement naturel et humain, à commencer par le souci que nous portons au choix des programmes eux-mêmes. Respect des milieux, insertion des bâtiments dans les sites, conception bioclimatique, usage préférentiel de matériaux naturels, énergies renouvelables, pérennité des constructions sont les conditions de nos interventions.

Parce qu’ils sont situés, localisés, le plus souvent étroitement liés à une histoire, à un paysage, à un territoire, ces projets sont par essence en phase avec leur environnement, intimement connectés au lieu auquel ils appartiennent.

Très concrètement, la conception de nos bâtiments s’inscrit clairement dans une démarche de Haute Qualité Environnementale formalisée. Que ce soit au moyen de nos compétences et de nos outils internes, ou en partenariat avec nos consultants spécialisés, nous sommes en mesure de développer tous nos projets dans le cadre d’une démarche de développement durable avec ou sans certification (HQE®, BREEAM, LEED …)

× Notre manière particulière d’aborder, en spécialistes, les projets liés à chaque domaine d’activité particulier se nourrissent de toute l’expérience bâtie depuis plus de vingt cinq ans sur l’ensemble des sujets abordés par l’agence.

Cette mise en perspective permanente des projets les uns avec les autres alimente la curiosité, ouvre des champs inédits, installe des passerelles, “aère“ la réflexion architecturale. À l’opposé d’une approche trop sectorielle, elle favorise une vision plus globale : chaque sujet traité est trop riche pour qu’il ne touche pas, d’une manière ou d’une autre, à tous les registres de l’architecture.

× Rigueur et professionnalisme n’excluent pas sensibilité, créativité, poétique de la construction : ils en sont la condition même. Nous menons nos projets dans le souci permanent des réalités, qu’elles soient humaines, techniques, réglementaires, budgétaires … Art appliqué, l’architecture advient à la rencontre des chemins de l’imaginaire et des contraintes du réel.